La crise d'asthme: aspect macroscopique

La crise d’asthme est décrite avant tout comme une obstruction des voies respiratoires inférieures, allant des bronches lobaires jusqu'aux alvéoles pulmonaires. Cette obstruction bronchique est causée par plusieurs phénomènes : une contraction des muscles lisses bronchiques, une hypersécrétion de mucus, une inflammation des bronches à l’origine d'un œdème ainsi que d’un épaississement de tous les constituants de la bronche. La lumière des bronches diminue alors fortement de diamètre et est plus ou moins encombrée par le mucus pulmonaire. Ces symptômes engendrent de fortes gênes respiratoires chez le malade.





Le muscle lisse bronchique :

Le muscle lisse bronchique entoure l’ensemble des voies respiratoires. Il joue donc un rôle majeur dans l’obstruction bronchique lors de la crise d’asthme puisque de son état dépend l'état des bronches (contracté ou dilaté).

 Cette obstruction anormale causée par le muscle lisse durant la crise d’asthme peut avoir plusieurs origines. Elle est la conséquence d’une hyperréactivité du muscle lisse bronchique (il se contracte plus facilement) et d’une hypertrophie permanente (le muscle est plus épais, ce qui augmente l’épaisseur de la paroi de bronches).

Cette contraction a pour but de limiter l’exposition des voies respiratoires aux facteurs causant l’irritation et l’inflammation, mais cela engendre un trouble ventilatoire obstructif chez l’asthmatique.

Le mucus :

Il existe également une hypertrophie et une hyperplasie des cellules qui sécrètent le mucus, ce qui participe à l’augmentation de l’épaisseur de la muqueuse bronchique, et qui contribue ainsi à diminuer encore plus le diamètre de la lumière des bronches. Ce tissu est également à l’origine de l’hypersécrétion de mucus dans la bronche, mais ce phénomène, détaillé ultérieurement, n'est pas lié à l'hypertrophie.

En conséquence de tout cela, le diamètre de la bronche diminue toujours plus et l’air a de plus en plus de mal à atteindre les alvéoles, d’où cette sensation d’étouffement ressentie pendant la crise.

L’œdème inflammatoire :

L’inflammation des bronches est la conséquence de la réaction immunitaire induite par le corps pour lutter contre les éléments allergènes et pour réparer les lésions de l’épithélium. Cependant, cette inflammation cause la vasodilatation des vaisseaux sanguins de la muqueuse (sous l'effet des cytokines et des chimiokines). Cette dilatation entraîne un œdème qui provoque l'hypertrophie de la paroi.

Enfin, on peut aussi noter un épaississement de la paroi cartilagineuse qui va amplifier l’obstruction bronchique.

La survenue de l’ensemble de ces symptômes constitue ce que l’on appelle l’hyperréactivité bronchique (HRB).

La desquamation :

Lors de la crise d'asthme, l'épithélium bronchique subit des lésions causées par l’air froid, sec et surtout par la toux qui accompagne la crise d’asthme. On dit qu'il y a desquamation de l'épithélium: des cellules vont se détacher et la lame basale va se détériorer. La muqueuse bronchique se retrouve au contact de la lumière des bronches et s’irrite. Cette desquamation engendre une perte des cils qui permettent la remontée du mucus. Le mucus s'accumule et obstrue les bronches.

La réaction inflammatoire permet de reconstituer cet épithélium. En effet, les médiateurs de l’inflammation vont stimuler la prolifération (hyperplasie) et la différenciation des fibroblastes qui sont les cellules à l’origine de la lame basale et qui peuvent la réparer. Ainsi l’épithélium se reforme et peut de nouveau protéger la muqueuse et permettre la remontée du mucus.

Le remodelage bronchique :

À la suite de toutes ces réactions, après plusieurs années, on constate une dégradation irréversible de la fonction respiratoire chez l’asthmatique, et cela même sous traitement. Il existe un mécanisme appelé remodelage bronchique qui est à l’origine de cette altération de la respiration. Il est le résultat des lésions répétées lors de la crise d’asthme et de la répétition des mécanismes inflammatoires et contractiles des voies respiratoires.

Le remodelage bronchique est causé par plusieurs phénomènes, tels une fibrose sous-épithéliale, une hypertrophie durable du muscle lisse bronchique et des glandes sécrétrices du mucus, une hyperplasie de certains types de cellules (principalement les fibroblastes et les cellules à mucus) et une inflammation des bronches quasi constante.

Qu’est-ce que la fibrose sous-épithéliale ? La fibrose sous-épithéliale est caractérisée par :

- une accumulation permanente de nombreux fibroblastes activés qui secrètent la matrice extracellulaire.
- une augmentation du dépôt de protéines (de collagène et de fibronectine) de la matrice extracellulaire.
- un dysfonctionnement de la métalloprotéase qui n’est plus capable de couper les liaisons entre les protéines de la matrice extracellulaire.
- une lyse des fibres élastiques (ce qui rigidifie les voies respiratoires).
- une accumulation de cellules éosinophiles causant une inflammation quasi constante.
- une perte progressive des cils de l'épithélium due aux desquamations répétées.

Le dysfonctionnement des protéases est une des raisons de l’accumulation de la matrice extracellulaire et de la déformation de l’épithélium. Cette déformation de l'épithélium facilitera sa desquamation et donc l’irritation des voies respiratoires.

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